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Doerflinger Marguerite

Découverte des costumes traditionnels en Alsace

Numéro d'article 10124502

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NOTE PRELIMINAIRE. Parler du costume en Alsace, c'est entrouvrir à la fois les portes de l'Histoire et celles de nos belles armoires paysannes. Elles permettent à nos yeux charmés de découvrir la richesse, la variété des formes et des couleurs des costumes de chez nous, témoins de la vitalité créatrice du monde paysan, face aux impératifs de règlements sévères ou de l'évolution des modes citadines. Les événements heureux ou douloureux du passé, n'ont pas empêché les habitants de nos campagnes de rester fidèles à leur mode de vie, de respecter ou de faire évoluer leurs traditions selon les lois fières de la communauté villageoise, de la vie tout simplement. L'art populaire trouve ainsi son expression la plus vivante et la plus colorée dans le chatoiement des costumes locaux si divers d'une région, d'un village, d'une appartenance religieuse à l'autre, et évoluant peu à peu au fil des ans. Malheureusement cette richesse et cette diversité sont de nos jours fort peu connues en Alsace même et encore bien moins au-delà des limites de notre province. Il est absolument erroné de croire qu'il n'existe en Alsace qu'un seul et unique costume traditionnel. Il est vrai que les événements historiques depuis 1870 ont forgé l'image stéréotypée de l'Alsacienne coiffée du grand nœud noir orné de la cocarde tricolore, vêtue de la longue jupe rouge, garnie d'un ruban de velours noir, portant un châle et un tablier noirs, brodés ou imprimés des motifs tricolores du « bouquet de France » (bleuets, marguerites, coquelicots, épis). Le bonnet à grand nœud noir de Basse-Alsace, dit « Schlupfkapp », est devenu le symbole de toute notre province. Pourtant il n'a jamais été porté par la paysanne de Haute-Alsace où les costumes ont pratiquement disparu depuis 1850, sauf dans la vallée de Munster. Pourquoi alors cette schématisation du costume, cette « réduction systématique » d'un patrimoine authentique si riche et si varié? Ce fait est étroitement lié aux changements d'appartenance politique survenus depuis la guerre de 1870. L'Alsace, devenue à ce moment province allemande, a vu s'expatrier nombre de ses habitants vers d'autres provinces françaises. En témoignage de leurs sentiments profonds et de leur attachement à la France, ces « émigrées », si elles portaient leurs coiffes, les ornèrent d'une cocarde tricolore. C'est ainsi que l'Alsacienne, « au grand papillon noir » de Basse-Alsace, devint aux yeux de la nation l'image de marque « endeuillée » de notre petit pays. Le même phénomène se reproduisit lors de l'armistice de 1918 et de la libération de l'Alsace en 1945. Du jour au lendemain, des costumes de fête authentiques (surtout de Basse-Alsace), sauvés du désastre, resurgirent du fond des armoires ou furent confectionnés en toute hâte avec les moyens du bord. La cocarde, de mise partout, fleurit sur les bonnets à nœuds noirs ou rouges, parfois hautement fantaisistes, à l'esthétique douteuse, montés sur une armature métallique et noués sous le menton. Partout des jupes uniformément rouges furent taillées dans des tissus récupérés de-ci de-là, alors que traditionnellement, dans nos villages de Basse-Alsace, toutes les couleurs de jupes portées sous le signe de la « Schlupfkapp » noire étaient admises. Les habitants des villes et bourgades libérées, surtout à Strasbourg et en Haute-Alsace, affectionnaient les jupes rouges, couleur du patriotisme ardent. Ce costume, créé de toutes pièces pour les besoins de la cause, copie maladroite d'un beau modèle, n'est pas issu de la tradition paysanne ; il a eu sa place d'honneur au premier rang des défilés du 14 juillet de l'après-guerre. Combien de petites et grandes filles plus ou moins « déguisées » ont-elles frémi aux sons des marches militaires ? Il en fut de même pour le costume masculin, réduit une fois pour toutes au gilet rouge à une seule rangée de boutons, au pantalon et à la veste noirs et à l'inévitable bonnet de pseudo-fourrure à fond rouge. L'imagerie populaire, les dessins satiriques de Hansi se sont emparés de cette représentation généralisée d'un costume local. Et ce fut la naissance du « costume national alsacien », celui que recherchent en Alsace les touristes du monde entier non avertis, qui n'est que la caricature d'un art populaire riche et le résultat d'un nivellement de toutes les valeurs d'authenticité traditionnelle. Cette évolution uniforme du costume est un appauvrissement certain et va à l'encontre du développement de la personnalité individuelle, locale et régionale. Dans la vie traditionnelle de nos campagnes, les nombreuses variantes du costume se retrouvent à l'intérieur de limites bien définies, souvent dictées par les appartenances politiques d'une époque, et les frontières religieuses. Les pièces de costume se transmettaient de génération en génération, étaient confectionnées pour durer toute une vie. L'introduction d'une nouvelle mode s'étalait sur 30 ou 40 ans dans les villages les plus éloignés de la ville et était fonction des moyens de communications, des occasions de rencontre aux grandes manifestations régionales ou familiales... (messtis, pèlerinages, mariages). Les données géographiques, climatiques et économiques ont façonné peu à peu la manière de se vêtir. Dans les vallées vosgiennes d'Alsace, à l'économie rude, souvent pauvre, aux communications difficiles, les costumes sont très différents de ceux des régions « passantes » de la plaine. Ainsi nos « marcaires » et « Dalwiwala » de la vallée de Munster ont adapté leurs costumes à leur environnement direct et à leur économie. Dans la vallée de la Bruche, à Grandfontaine, on porte déjà un costume typiquement vosgien. Au fil des ans, le destin d'un peuple, le paysage, la vie s'inscrivent profondément dans l'histoire du costume paysan. La naissance, l'évolution à travers les âges, l'épanouissement et le déclin de notre patrimoine vestimentaire traditionnel sont autant de sujets dignes de passionner les historiens, les sociologues, les ethnographes et les économistes de notre temps. Les recherches individuelles isolées devraient peu à peu interférer, se compléter, pour faire sortir de l'ignorance et de l'oubli la fresque colorée de nos beaux costumes d'Alsace. Les pages qui suivent sont un modeste essai de synthèse.

État

D'occasion - Bon

Langue

Français

Type d'articles

Livre - Couverture souple

Année

1979

Éditeur

S.A.E.P.

pp. 96 / Geïllustreerd / Illustrated / Illustré / Illustriert