Avec ses vingt-six mille membres répartis dans le monde, la Compagnie de Jésus demeure l'ordre religieux le plus important et le plus prestigieux de l'Eglise catholique. Son image continue pourtant, comme aux premiers jours de sa création par Ignace de Loyola, à susciter des jugements extrêmes et contrastés. Certains ne peuvent évoquer les jésuites sans penser "soldats du pape", pédagogues rigoristes des fils de la haute bourgeoisie, confesseurs des "grands" et casuistes. En un mot, des hommes puissants, souvent hypocrites et intrigants. D'autres, plus à l'écoute d'une certaine réalité contemporaine, verraient volontiers en eux des francs-tireurs progressistes engagés politiquement dans les révolutions du tiers monde. Les jésuites auraient-ils abandonné leur influence d'antan au profit d'une autre forme de présence plus subtile? En racontant les grandeur et misères d'une histoire où ils ont été successivement courtisés et redoutés, puis massacrés et expulsés, ce livre tente donc de donner la mesure de ce que fut le pouvoir jésuite dans le passé. Mais c'est le tournant pris, il y a vingt ans, par la Compagnie qui est au cœur de cette étude, lorsque son Général, Pedro Arrupe, sous l'impulsion du concile Vatican II, lui fit renoncer à son pouvoir de prestige pour redécouvrir ses racines missionnaires. Une mutation étonnante qui concerne l'Eglise catholique tout entière, dans la mesure où elle lui donne un nouveau visage, celui du monde moderne. Après des études littéraires à l'université d'Oxford et des études de théologie à Paris, Alain Woodrow a travaillé comme journaliste, de 1967 à 1974, aux Informations catholiques internationales. Depuis, il tient la rubrique religieuse du journal Le Monde.

Woodrow Alain

Les Jesuites: Histoire de pouvoirs