Né en 1911 à Angers, Hervé Bazin (petit-neveu de René Bazin) est élevé par sa grand-mère; il connaît tardivement ses parents. Après des études mouvementées (préfectures, six collèges), il s’inscrit à la Faculté catholique de droit d’Angers. Mais il la quitte, se brouille avec les siens, « monte » à Paris où il prépare une licence de lettres en travaillant pour vivre, et commence à écrire. Journaliste (*L’Écho de Paris*), critique littéraire (*L’Information*), il publie d’abord des poèmes. Mais la notoriété lui vient avec son premier roman *Vipère au poing* (1948). Depuis lors, ses ouvrages connaissent un succès immense et contradictoire. Au nom du père, au nom du fils, *Le Matrimoine* reflète cet humour, cette verve, ce sens de l’observation et cette ironie lucide qui sont sa marque. Proclamé en 1955 le romancier le plus lu en France, Hervé Bazin est membre de l’Académie Goncourt depuis 1958. Dans la langue familière, se marier est souvent pris comme synonyme de faire une fin, ce qui semble impliquer l’opulence et la conclusion assurant au nouveau couple l’opulent confort de son dernier jour. Or ce jour-là est lointain, couché à la page jusqu’à temps orageux: tel est le paradoxe de la vie entière et la cérémonie: tel est le paradoxe du mariage. Le jeune Angevine Abel Bretaudeau mesure la vérité de l’idée du voyage de noces. Rien ne l’a préparé à l’existence à deux qui commence pour lui avec Mariette Guimarch, fille de fonctionnaires prospères. À deux! C’est compter sans l’invasion de la belle-famille, plus bientôt d’une nouvelle génération de Bretaudeau, tous profondément marqués par l’éducation Guimarch. Ainsi le veut la tendance du siècle où le sceptre échappe au roi pour passer aux mains de la reine, où le patrimoine se transforme en matrimoine pour le plus grand désarroi de la Marquise. Abel le note d’une manière spirituelle et percutante, au fil de cette chronique d’un ménage alertement observée, qui est aussi la chronique spirituelle et percutante des mœurs de notre temps.

Bazin Hervé

Le matrimoine